Le mythe du cholestérol

L’effet de notre alimentation sur notre santé est extrêmement difficile à quantifier. Il y a tellement de paramètres entrant en compte ! Alors d’où viennent les conseils donnés à la population sur les pratiques favorisant la santé ? De toutes les études ayant déjà été faites, et lorsqu’elles sont disponibles, de méta-études : des études qui reprennent les études suffisament rigoureuses ayant déjà été effectuées sur un sujet et mettent tous leurs résultats ensembles pour obtenir des tendances générales.

La complexité du sujet fait qu’il est facile de se tromper. C’est pourquoi les recommandations alimentaires changent au cours du temps. Un sujet qui nous a probablement tous influencés depuis des dixaines d’années est la diabolisation des graisses, en particulier des graisses saturées. La théorie dominante étant que la consommation de graisses saturées augmente le taux de cholestérol dans le sang et qu’un taux de cholestérol élevé est à l’origine de l’arthérioscléose et des maladies cardiovasculaires (théorie lipidique). Certains scientifiques s’opposent à cette théorie, comme Uffe Ravnskov, qui a publié de nombreux travaux mettant en lumière les faiblesses de la théorie dominante. Il rend sa démarche accessible au grand publique dans un livre très instructif publié en 2002 : « Mythos Cholesterin »​1​, dont je recommande la lecture à toute personne s’intéressant aux effets de l’alimentation sur la santé.

Je ne sais pas si comme il le pense, toute la theorie doit être remise en cause. Le rôle des graisses saturées (dont font partie les graisses animales et la graisse de coco ) ne semble plus être en cause dans la genèse des maladies cardiaques​2​. Cela se reflète dans les recommandations de la DGE (Deutsche Geselschaft für Ernährung) qui propose toutefois de les remplacer par des graisses polyinsaturées à cause de l’effet protecteur de ses dernières (voir ici). Pourquoi ne pas augmener la consommation de graisses et diminuer par exemple celles des glucides ? Cette dernière approche semble pourtant prometteuse, en particulier pour les diabétiques.

Un point qui pour moi n’est pas encore clair, est de savoir si une forte concentration de cholestérol dans le sang va de paire avec l’artérioscléose et/ou les maladies cardio-vasculaires. Cela semble être le cas. Mais est-ce seulement un facteur de risque ou est-il utile de faire baisser ce taux en donnant un médicament  et en permettant par la même occasion aux entreprises pharmaceutiques de se faire de l’argent et à nos caisses de pensions qui ont placé leur argent en bourse d’avoir un bon rendement ?

Un de mes profs de statistique à l’université avait donné un exemple que je trouvais intéressant concernant le lien de causalité : « Lorsque les gens consomment plus de glaces, il y a aussi plus de noyades. Et-ce à dire que la consommation de glace cause les noyades ? Non, les deux phénomènes ont la même cause, le besoin de se raffraichir en été ». On dit alors qu’il existe une corrélation entre ces deux phénomènes, mais pas de lien de causalité. Ce n’est pas en interdisant la consommation de glaces que l’on diminuera le nombre de noyades.

En attendant que la science apporte encore des réponses concernant l’alimentation, si elle le fait un jour, je préfère me méfier des recommandations officielles et me baser sur ce qui a été consommé pendant de nombreuses générations, les plats traditionels à base d’ingrédients frais, de la meilleure qualité possible. Notre dernière découverte est la choucroute, faite maison et cuite longtemps avec une viande plutôt grasse. La graisse semble importante, non seulement pour le goût mais aussi parce qu’elle semble rendre la choucroute moins agressive pour les dents. En effet, lorsque j’ai mangé la choucroute sans y ajouter de graisse, j’ai eu mal aux dents. Ce n’était peut-être qu’un hasard, mais comme ca m’est arrivé deux fois, je pense qu’il y a probablement un lien.

  1. 1.
    Ravnskov U. Mythos Cholesterin, Die Größten Irrtümer. Hirzel; 2008.
  2. 2.
    Siri-Tarino PW, Sun Q, Hu FB, Krauss RM. Meta-analysis of prospective cohort studies evaluating the association of saturated fat with cardiovascular disease. The American Journal of Clinical Nutrition. Published online January 13, 2010:535-546. doi:10.3945/ajcn.2009.27725

charlotte

Maman de trois enfants en bas âge et ancienne proche aidante.