Cherchez à qui le crime profite!

Le livre passionnant dont je parlais dans mon dernier article a été écrit par une maman préoccupée par un problème de santé rencontré par son enfant. Il s’agit de « Deutschlands kranke Kinder » de Ulrike von Aufschnaiter (voir ici pour une présentation du livre). Son fils, alors à peine âgé de six ans, souffrait d’une déminéralisation des dents. Les professionnels de la santé ne lui apportant pas de réponse satisfaisante, la maman se mit à la recherche des causes de cette maladie et c’est le résultat de ses recherches qu’elle décrit dans son livre. Sa démarche rigoureuse met en lumière l’influence grandissante des grandes sociétés (agroalimentaires et autres) dans nos vies.

Elle détaille le fonctionnement de ce système d’influence pour l’Allemagne tout en mentionnant que le processus est le même dans le reste du monde et en particulier en Suisse et en Autriche. La Deutsche Gesellschaft für Ernährung (DGE) en Allemagne (ou SGE en Suisse et ÖGE en Autriche) occupe une place centrale dans ce système. Dans les activités de la DGE on retrouve entre autres:

  • La mise en place de standards guidant le choix des menus dans les institutions comme par exemple les écoles, les hôpitaux ou les maisons de retraite ;
  • La mise en places de plans d’étude pour des formations professionnelles ayant un lien avec l’alimentation;
  • L’organisation de conférences scientifiques, de séminaires de post-formation et de séances d’information.
  • La publication d’un journal.

La DGE chapeaute des sections dans les différents Länder allemands. 50% des membres (politiciens, entreprises agroalimentaires, Universités…) de ces sections ont des intérêts économiques.

La DGE est financée à 70% par l’état allemand et à 30% par ses propres moyens (cotisations de ses membres, vente de ses produits). Dans ses recommandations, elle souligne l’importance d’un bon équilibre entre les macronutriments (glucides, protéines et lipides), oubliant de mentionner l’importance des micronutriments (vitamines, sels minéraux). Une des conséquences graves est qu’on ne différencie plus entre des aliments de bonne ou de mauvaise qualité. Dans son modèle qu’elle nomme „Ernährungskreis“ la DGE illustre les quantités des différents aliments à consommer régulièrement (voir ici) ): On devrait consommer, par ordre de quantité décroissant, une part de féculents, une part de légumes, une part de fruit, une part de produits laitiers, une part de viande ou poisson et un peu d’huile. Une soupe Maggi aux légumes avec un croque-monsieur au jambon et fromage, accompagné d’une salade prélavée et précoupée avec sauce industrielles suivi d’une compote Nestlé semble être un repas tout à fait équilibré selon ces recommandations. Si on veut vraiment bien faire les choses, on peut choisir un croque-monsieur au pain complet et varier le légume de la soupe Maggi suivant les jours! Cela montre bien que le problème n’est pas la quantité des différentes classes d’aliments mais bien leur qualité.

Ça pourrait paraître risible si ces gens là ne dictaient pas les standards alimentaires pour toute une série d’institutions. Le résultat étant une dégradation de l’état de santé entre autres des enfants passant beaucoup de temps dans ces dites institutions (crèches, jardins d’enfants, écoles). Suite à ses découvertes, l’auteur du livre est parvenue à soigner son enfants en changeant son alimentation. Son expérience est similaire à celle que j’ai vécue avec ma maman. J’avais l’impression, au mieux de perdre mon temps en allant chez le médecin, et au pire de nuire à ma maman! Pourtant ça avait l’air d’être des gens biens, sympathiques, cherchant à bien faire. Je me suis souvent demandée pourquoi ils n’étaient pas au courant de l’existence de traitements alternatifs efficaces. L’immense travail de Madame von Aufschnaiter m’a donné un début de réponse!

Voilà ma compréhension de la manière dont les grands groupes procèdent. Le but étant de créer un besoin qu’on satisfait ensuite avec un produit (matériel ou pas) qu’on vend en maximisant le profit:

  • Libérer les gens de tâches qu’ils avaient toujours effectuées eux-même (ex : s’occuper des petits enfants, cuisiner, accoucher !) ;
  • Une fois que les gens ont délégué ces tâches, leur faire croire qu’ils ne sont pas qualifiés et qu’ils ont besoin de professionnels s’ils ne veulent pas prendre de risques;
  • Faire croire aux gens que ce qui est librement à disposition dans la nature est dangereux (ex: la cueillette des myrtilles et le ver parasite);
  • Mettre en place des filières de formation qui encouragent de manière déguisée la consommation de leurs produits  et rendre ces filières obligatoires si on veut pratiquer;

Les gens finissent par croire que les produits offerts par les entreprises sont meilleurs que ce qu’ils fournissent eux-mêmes, alors que c’est le contraire qui est vrai ! Le résultat est qu’ils finissent par tomber malade, permettant à certaines personnes de se remplir les poches.

Ma conclusion au niveau personnel est qu’il faut à tous prix éviter de devoir recourir aux services d’un professionnel de la santé (sauf si on a eu la chance d’en trouver un à qui on peut faire confiance), et si on ne peut pas faire autrement, de mettre des limites. Concernant ma main cassée, j’étais contente de ma dernière consultation. Le médecin m’a confirmé qu’il ne voyait pas la nécessité d’une opération. Il m’a donné rendez-vous pour la semaine prochaine et m’a demandé d’aller faire une radio avant. Je pense que je vais annuler la radio et le rendez-vous. Aujourd’hui, j’ai ôté l’orthèse et je bouge régulièrement ma main. J’ai obtenu ce que je voulais: la confirmation qu’une opération n’était pas nécessaire, une orthèse, l’indication des mouvements à éviter. Je pense donc m’arrêter là et suivre mon intuition pour la suite.

Ce matin, j’ai consulté la page de Nestlé, ils financent un programme de promotion de la santé des enfants en Suisse (voir ici). A première vue, cela parait louable. En fait, il en suit qu’on associe Nestlé avec la santé et qu’on consomme alors leurs produits en pensant se faire du bien! Le but premier d’une grande entreprise cotée en bourse n’est pas d’améliorer la santé des gens. Leur but est de maximiser les profits. Si cela va de paire avec la promotion de la santé temps mieux, et sinon, temps pis. Je le sais parce que je suis depuis plusieurs mois des vidéos donnant des conseils sur la façon d’investir son argent. Et vous pouvez me croire, tout ce qui semble compter lorsqu’on choisit quelle action acheter, c’est le dividende qu’on va toucher ou l’évolution positive du prix de l’action en bourse. Le fait que l’entreprise dont on veut devenir actionnaire vendent de la m. qui nuit à la santé des gens n’entre pas dans les arguments pour ou contre un achat. Pour ceux qui semblent se préoccuper de l’aspect moral, il y a la possibilité de choisir des placements plus ou moins « cleans »! On a des options à cocher comme par exemple qu’on ne veut pas du commerce d’armes, du travail d’enfants ou des industries pétrolières. Lorsqu’on coche ces options, la liste des produits se réduit considérablement!

D’ailleurs, j’en suis venue à la conclusion qu’il n’était pas possible d’acheter une action „clean“ ne présentant pas un grand risque de perte du capital investi, car seuls les grands groupes survivent. Et pendant qu’on discute chaque année en Suisse de l’augmentation des primes d’assurance maladie, se demandant comment faire baisser les coûts de la santé, les actionnaires (dont ceux qui gèrent l’argent de nos retraites) se réjouissent du développement positif du cours en bourse des actions des entreprises pharmaceutiques!

charlotte

Maman de trois enfants en bas âge et ancienne proche aidante.