Guérir les maladies auto-immunes, 1ère partie

Le livre du Dr. O’Bryan​1​ a été le déclencheur de notre expérience de guérison. Une traduction allemande existe mais je n’ai malheureusement pas trouvé de traduction française. Ce qu’il écrit concerne toutes les maladies auto-immunes et pas seulement la maladie d’Alzheimer. C’est un livre bien documenté et mon expérience et celle de ma maman montrent que la démarche proposée peut fonctionner. Seulement, il vaut mieux bien se préparer avant de se lancer dans l’aventure, car la première étape, après l’évaluation de l’état de santé, consiste à supprimer le gluten, les produits laitiers et le sucre de son alimentation. Or, ces produits étant omniprésents dans notre alimentation, cela parait bien difficile au départ ! En fait, ce n’est pas difficile à mettre en pratique tant qu’on mange chez soi, et ce ne sont pas les recettes gourmandes qui manquent. Le pain m’a énormément manqué au début, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. C’est juste une question d’habitude.

Mais voici un petit résumé de la première partie du livre, en attendant qu’il soit traduit en français.

La genèse d’une maladie auto-immune

Avant l’apparition d’une maladie auto-immune, des années s’écoulent pendant lesquels on n’a pas forcément de symptômes ou des symptômes tellement légers qu’on ne s’en rend même pas compte. Il s’agit d’écouter les signaux que nous envoie notre corps et d’agir en conséquence. Le Dr. O’Bryan propose un questionnaire et des analyses sanguines permettant de mettre en évidence les problèmes. On peut par exemple détecter des taux d’anticorps trop élevés indiquant la présence d’un processus inflammatoire.

L’inflammation

Lorsque nous nous blessons, un processus inflammatoire se déclenche. C’est la façon dont notre corps se défend. Il crée des anticorps et augmente le flux sanguin dans la région lésée. Une fois les envahisseurs maîtrisés, la lésion est réparée et l’inflammation cesse. Ce processus n’a pas seulement lieu sur notre peau lorsque nous nous blessons, il peut aussi avoir lieu à l’intérieur de notre corps, à notre insu, lorsque des agents pathogènes y pénètrent, par exemple lorsque nous ingérons des aliments que nous ne supportons pas. Une fois le problème résolu, l’inflammation cesse et d’éventuelles lésions sont réparées.

La maladie auto-immune

Lorsque l’inflammation s’emballe, cela peut mener à la maladie auto-immune.

Nos cellules se renouvellent sans cesse et les cellules mortes ou endommagées doivent être éliminées. C’est le rôle des auto-anticorps. Un équilibre entre la création et la destruction des cellules s’établit et tout dérèglement mène à la maladie. Lorsque nos auto-anticorps travaillent trop, nous détruisons nos tissus plus vite qu’ils n’arrivent à se reconstituer. C’est la maladie auto-immune.

Trois facteurs doivent être réunis pour qu’une maladie auto-immune se développe: une prédisposition génétique, une exposition environnementale et la perméabilité intestinale.

Avant l’apparition d’une maladie auto-immune il y a donc une inflammation chronique. Une des causes de cet emballement du système immunitaire pourrait être la présence dans notre sang de certaines molécules non autorisée qui ont passé la barrière intestinale. Et si l’on n’a pas de chance, la structure de ces molécules ressemble à celle de certaines de nos cellules (phénomènes qu’on appelle le mimétisme moléculaire), induisant notre système immunitaire en erreur. Ce dernier se met à détruire nos propres cellules qui sont ensuite éliminées par nos auto-anticorps.

Le syndrome de l’intestin perméable

L’intestin grêle joue un rôle de filtre. Certaines molécules issues de la digestion ont le droit de traverser la paroi intestinale pour aller dans la circulation sanguine, tandis que d’autres, plus grosses, doivent rester dans l’intestin. Lorsque la paroi intestinale est endommagée, des molécules non autorisées passent cette paroi et se retrouvent dans le sang, où elles provoquent une réaction du système immunitaire. C’est le phénomène de l’intestin perméable. L’origine de cette trop grande perméabilité n’est pas entièrement comprise. Trois facteurs ont été identifiés : le gluten, un excès de lipopolysaccharides (LPS) et le stress. Le gluten augmente la perméabilité intestinale de manière temporaire. Ce n’est pas toujours un problème mais ça peut le devenir. Les LPS sont le produit de certaines bactéries et ils deviennent problématiques lorsqu’ils pénètrent dans la circulation sanguine. Or, leur passage dans la circulation sanguine est favorisé par un régime riche en graisses incluant une forte proportion de graisse de palme et de maïs.

Le rôle du microbiote

Les intestins sont à la frontière entre l’intérieur et l’extérieur du corps. Ils sont peuplés d’une multitude de micro-organismes : le microbiote. On a montré le lien entre un microbiote déséquilibré, état de disbiose, et la maladie. Des troubles aussi variés que la dépression, l’obésité et la maladie d’Alzheimer semblent être liés à une disbiose. Une des causes principales de la disbiose, dont la plupart des occidentaux souffrent, est notre régime alimentaire. Nous ne nourrissons pas nos bactéries de la bonne manière.

Une comparaison de notre microbiote avec celui d’enfants de villages africains a montré une prévalence chez nous des bactéries de la famille des firmicutes alors que chez les enfants africains, c’est les bactéroidetes qui prévalent, avec une grande proportion de prevotella.

Une saine régénération de notre paroi intestinale dépend de la présence de certaines bactéries produisant une substance nommée butyrate. Si les bactéries produisant le butyrate sont trop peu nombreuses, nous n’avons pas assez de butyrate et nous fabriquons des cellules intestinale de moindre qualité.

Une autre cause de la détérioration de notre microbiote est la consommation abusive d’antibiotiques. Non seulement on les prescrit même quand ils sont inutiles, mais en plus, on les donne aux animaux d’élevage pour diminuer les coûts de production ! La conséquence est que nous consommons des antibiotiques régulièrement, sans même en être conscient !

La maladie cœliaque : une illustration de la genèse des maladies auto-immunes

Trois facteurs doivent être réunis pour permettre le développement de cette maladie : la génétique (d’autres membres de la famille ont probablement aussi une maladie auto-immune), un déclencheur environnemental (le gluten) et la perméabilité intestinale. Il existe une autre forme de sensibilité au gluten, la sensibilité au gluten dite non cœliaque qui est beaucoup plus difficile à détecter. Dans ce cas, les villosités intestinale ne sont pas détruites contrairement à ce qui se passe pour la maladie cœliaque. Par contre, les personnes atteintes de sensibilité au gluten souffrent d’une inflammation chronique qui est tout aussi néfaste que ce qui est observé dans la maladie cœliaque, et leur état s’améliore aussi suite à l’arrêt du gluten. Il semble que la sensibilité au gluten non cœliaque n’est pas une maladie auto-immune en soit, ce serait plutôt la cause commune de beaucoup de maladies auto-immunes.

Limiter l’inflammation et retrouver la santé

Les trois principaux aliments provoquant l’inflammation sont le gluten, les produits laitiers et le sucre.

Le problème du gluten : Une étude a montré que l’exposition au gluten provoque une perméabilité intestinale chez tout le monde​2​. Le gluten n’est pas digérable. Pour certain ce n’est pas un problème, il passe simplement tout droit, mais pour d’autres qui ont une susceptibilité génétique, le gluten est toxique. On peut tester si on est susceptible en arrêtant totalement le gluten et en observant comment on se sent, puis en le réintroduisant en notant les réactions.

Le problème du sucre : « Le sucre raffiné est à la canne à sucre ce que l’héroïne est aux graines de pavots et il est tout aussi addictif et létal ! ». Le sucre fait partie des dix aliments provoquant le plus d’inflammation. Les enfants des populations indigènes mâchant de la canne à sucre n’ont pas de caries contrairement à nos enfants qui mangent des aliments plein de sucre raffiné. Le Dr. O’Bryan donne une liste de tous les méfaits du sucre avec citations​1​ (voir p. 49). Lorsque l’on ingère du sucre raffiné, le taux de sucre monte rapidement dans le sang puis chute suite à la production d’insuline. Lorsque le taux de sucre a chuté vous risquez de vous sentir fatigué, irritable ou embrouillé et vous sentez le besoin de prendre un en-cas sucré, et ça repart pour un tour. C’est pour cette raison qu’il est important de bien gérer la transition vers un régime moins riche en sucre. Il faut veiller à ingérer des aliments qui ne provoquent pas de telles montée du taux de sucre. Éviter les piques pour éviter les creux.

Le problème des produits laitiers : Deux processus industriels dénaturent le lait : la pasteurisation et l’homogénéisation. C’est la raison pour laquelle les yogourts industriels ne contiennent que peu de bactéries. L’homogénéisation diminue la taille des molécules de graisse qui entrent plus facilement dans la circulation sanguine, provoquant l’inflammation. A peu près 50% des malades cœliaques souffrent également d’intolérance au lactose. Ce problème disparaît souvent après une année de régime sans gluten. Une autre substance problématique du lait est la caséine. On peut donc ne pas être intolérant au lactose et quand-même ne pas supporter le lait.

Lipopolysaccharides (LPS) : Les LPS sont produits par des bactéries principalement présentes dans nos intestins. Ils sont, avec le gluten, une des causes les plus importante de la perméabilité intestinale. Une forte consommation de graisse de palme et de maïs favorise le passage des LPS dans la circulation sanguine. Une fois présents dans le sang, ils peuvent créer des dommages dans n’importe quel tissus ou organe. C’est une des causes de la polyarthrite rhumatoïde.

  1. 1.
    O’Bryan T. The Autoimmune Fix: How to Stop the Hidden Autoimmune Damage That Keeps You Sick, Fat, and Tired Before It Turns Into Disease. Rodale; 2016.
  2. 2.
    Hollon J, Puppa E, Greenwald B, Goldberg E, Guerrerio A, Fasano A. Effect of Gliadin on Permeability of Intestinal Biopsy Explants from Celiac Disease Patients and Patients with Non-Celiac Gluten Sensitivity. Nutrients. Published online February 27, 2015:1565-1576. doi:10.3390/nu7031565

charlotte

Maman de trois enfants en bas âge et ancienne proche aidante.