Mais pourquoi la plupart d’entre nous avons des caries? L’explication moderne est la présence de méchantes bactéries qui rongent la substance de nos dents. Comme d’habitude, l’explication et le remède proposés restent très superficiels et ne s’appliquent pas au problème de fond! Il suffit se se débarrasser de ces méchantes bactéries! Mon dentiste m’avait même sorti qu’il fallait à tout prix éviter d’utiliser la même cuillère pour soi et son bébé. C’est nous qui introduirions ces bactéries pathogènes dans la bouche de notre petit, faisant par là démarrer le processus de la formation des caries!
Au début du vingtième siècle, cette théorie bactérienne cohabitait encore avec une autre théorie qui se basait plutôt sur le terrain. Sans un terrain propice, les bactéries n’ont aucune chance. Un des grands défenseurs de cette théorie était le dentiste Weston Price, alors directeur de recherche au « National Dental Association » qui devint plus tard « The American Dental Association ».
Weston Price étudia l’alimentation et l’état des dents de populations ayant encore une alimentation traditionnelle. Il se rendit compte que ces populations ne connaissaient pratiquement pas la carie dentaire et que leur alimentation était beaucoup plus riche en vitamines liposolubles, comme la vitamine A, que notre alimentation moderne.
Avant d’introduire des aliments riches en vitamine A dans notre alimentation, comme le foie qui n’est pas un de mes favoris, j’ai voulu me faire ma propre opinion sur la théorie des carences. Je me base pour cela sur un livre de référence concernant l’alimentation1.
Deux types de vitamine A
Tout d’abord, il faut comprendre que la dénomination « vitamine A » recouvre un grand nombre de substances différentes ayant une structure chimique similaire. On distingue deux grands groupes:
- La vitamine A d’origine animale, directement convertible en rétinol et donc, directement assimilable;
- La vitamine A d’origine végétale, ou pro-vitamine A, qui nécessite une transformation pour devenir de la vitamine A et pouvoir être utilisée comme telle par le corps. La pro-vitamine A a d’autres qualités que la vitamine A d’origine animale, comme son pouvoir anti-oxydant. Le taux de conversion de la pro-vitamine A en vitamine A est variable: de 1:6 à 1:12 suivant les études. D’autre part ce taux de conversion serait encore plus faible pour une grande partie de la population (env. 50%)!
Dose journalière recommandée
La plupart des pays recommandent une dose d’environ 0,9 mg Retinol Equivalent (RE) par jour. L’unité cherche à tenir compte du fait que le taux de conversion en rétinol dépend du type de vitamine considérée:
1 mg RE = 1 mg Rétinol = 12 mg béta-carotène
De plus, et comme leur effet est différent, on recommande de consommer 2 à 4 mg de pro-vitamine A par jour.
Vitamine A contenue dans différents aliments
La vitamine A dont le corps n’a pas besoin tout de suite est stockée dans le foie sous forme de Retinylester. Il n’est donc pas étonnant que l’aliment en contenant le plus, et sous une forme directement assimilable, soit le foie.
Les grands champions
Prenons pour exemple l’huile de foie de morue, cette huile que nos parents ou grand-parents recevaient régulièrement dans leur enfance. Les tables dont je me sers comme référence2 indiquent que 100 g d’huile de foie de morue contiennent 30 mg RE, c’est-à-dire 30 mg de vitamine A sous sa forme directement assimilable. Or, il nous en faut 0,9 mg par jour. Cela implique que l’huile de foie de morue contient 30/100=0,3 mg/g et donc, il nous en faut 3 g pour arriver à la dose journalière.
Les foies d’autres animaux sont comparables avec 36,3 mg pour le cochon, 28,2 mg pour le veau et 19,9 mg pour l’agneau.
Le deuxième rang
Avec des taux allant de 0,5 mg RE à 3 mg RE, on retrouve certains poissons (anguille, thon, caviar), des produits laitiers gras et concentrés (beurre, crème, camembert), le jaune d’œuf et certains fruits et légumes oranges, rouges ou verts (carottes, courge, feuilles de dent-de-lion, feuilles de vigne). Notons que le lait de brebis et de chèvre contiennent plus de vitamine A que le lait de vache (deux fois plus pour le lait de chèvre), avec un taux de 0,071 mg RE pour 100 g qui est le même que celui du lait maternel. Avec 0,775 mg RE, la carotte est une des grandes gagnantes parmi les légumes et les abricots secs parmi les fruits avec 2,9 mg RE.
Prenons pour exemple la carotte qui contient 0,775 mg RE. Pour arriver aux 0,9 mg, il faut en consommer 0,9×100/0,775=116 g par jour. Cela fait à peu près trois carottes de taille moyenne.
Cela ne me paraît pas si évident, d’autant plus qu’il faut la préparer de la bonne manière (consommer avec un corps gras) et qu’à peu près la moitié de la population serait porteuse d’un gène rendant la conversion de la pro-vitamine A en vitamine A peu efficace.
Ma conclusion ici est qu’il vaut mieux satisfaire ses besoins en vitamine A par la consommation de foie, d’où ma décision de prendre une petite cuillère d’huile de foie de morue chaque jour et d’offrir du foie à mes enfants. Depuis que j’ai recommencé à prendre de l’huile de foie de morue (j’ai parallèlement arrêter toute consommation de sucre raffiné), mes douleurs de dents ont disparu, ma peau est redevenue aussi douce qu’une peau de bébé, et la surface de mes dents qui était devenue rêche est à nouveau lisse!
Les grands champions de la pro-vitamine A
Pour compléter cet apport, il est important de consommer des fruits et légumes pour leur apport en béta-carotène. La carotte est la grande championne avec ses 0,775×12=9,3 mg de béta-carotène. Il suffit d’en manger 43 g pour arriver à la dose journalière recommandée de 4 mg.
Parmi les champions on retrouve également la courge, les épinards, la patate douce et le persil.
- 1.Siedentopp U. Taschenatlas Ernährung. Deutsche Zeitschrift für Akupunktur. Published online 2011:49. doi:10.1016/j.dza.2011.07.004
- 2.Elmada I, Muskat E, Fritzsche D, Meyer AL. Die Große GU Nährwert-Kalorien-Tabelle 2014/15. Gräfe und Unzer; 2021.